L’identité du vin

vignesLes racines sont la matrice de toutes les métaphores qui alimentent le discours sur le terroir. Historiques, culturelles, elles rattachent le vigneron à une tradition et un savoir-faire qui garantissent en partie l’identité du vin.
Pour importantes que soient ces dernières, nous nous intéresserons à ce que nous apprennent sur le vin les racines physiques, celles qui plongent à des dizaines de mètres et constituent peut-être la partie la plus importante de la vigne.

Le rôle des racines

Bien sûr, les racines permettent à la vigne de se nourrir. Elles lui assurent à la fois ses apports en eau et en oligo-éléments. Pour cela, elles plongent dans le sol, jusqu’à ce qu’elles rencontrent de l’eau.
Dans ce processus de croissance, la porosité du sol joue un rôle clé. Mieux l’eau pourra s’écouler, plus profond sera l’enracinement. Outre la texture naturelle du sol, la faune de ce dernier permet d’augmenter cette porosité en creusant des galeries et en l’aérant.
La surface racinaire peut ainsi dépasser les 50 mètres de profondeur, ce qui permet à la plante de supporter des périodes de sécheresse en puisant dans les réserves en eau des couches inférieures du sol.
L’aération permet quant à elle l’oxydation qui produit les oligo-éléments dont se nourrit la vigne.

Leur assimilation se fait grâce à la micro-flore, qui sert d’intermédiaires entre la plante et le sol : elle génère les éléments négatifs (nitrates, phosphates, sulfates) assimilables par la vigne. Sans cette micro-flore, la plante ne pourrait donc pas se nourrir.

Racines et identité du vin

Il faut donc voir les racines comme une surface d’échange entre la vigne et son sol, lui permettant de s’en imprégner. C’est donc un facteur clé dans la formation du caractère du vin.
Plus cette surface est importante et plus grande est la capacité d’échange des racines, plus le vin sera marqué par le sol : plus il sera typé. De récentes recherches ont en effet montré que chaque appellation dispose d’une composition particulière qui permet d’expliquer les propriétés du vin.
Si la vigne n’est pas capable de réaliser pleinement cette assimilation, le vin perd son type et reste un vin de cépage.

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L’incidence des méthodes culturales

Mais comment une vigne pourrait-elle perdre sa capacité d’échange ?
On l’a vu, cette capacité dépend en grande partie de l’activité des organismes vivant dans le sol.
Or, la pratique du désherbage total supprime la nourriture de la faune épigée, qui, disparaissant, cesse d’assurer la porosité de surface : privées d’oxygène et d’eau, les racines profondes meurent. L’utilisation de machines trop lourdes qui compactent le sol va dans le même sens.
D’autre part, l’utilisation de pesticides tue les micro-organismes qui transforment la roche en aliments assimilables pour la vigne. Il faut la nourrir artificiellement, avec des sels qui la gonfle d’eau (les engrais) et produisent des raisins au jus dilué.
L’un comme l’autre, bien souvent l’un et l’autre, contribuent à effacer le terroir du goût du vin et le privent de son identité.

Racines et histoire

Un système racinaire sain et ancien est donc nécessaire à la production de vins de caractère. Pourquoi ancien ? Parce qu’il faut du temps pour que le système s’étende, bien sûr, mais parce que les racines font leur sol.
On a remarqué en effet que plus ancienne était l’implantation de la vigne sur un terrain, plus propices étaient les caractéristiques physiques et biologiques du sol. Les générations de vignes se succédant, une réserve de racines mortes s’est accumulée dans le sous-sol, qui entretient une micro-faune luxuriante et favorise un échange intense entre les profondeurs et la vigne.
L’identité des vins du Nouveau Monde est donc encore à venir et nous laisse de belles perspectives de diversité et de plaisir !

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Racines et tradition se rejoignent donc par-delà l’expérience humaine. Ce qui devrait nous inciter à respecter leur environnement pour ce qu’il est : un patrimoine culturel.

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